LA 2ème BATAILLE DE LA MARNE VUE PAR UN POILU A L'ARRIÈRE DU FRONT

Extraits de lettres du 25 Mai au 10 Août 1918 de Gaston Dumiot (une vingtaine d'années) à sa fiancée. Ce jeune "Poilu" fait partie de la 4ème compagnie du 22ème régiment d'infanterie, 28ème D.I.. Cette division est engagée au nord de l'Ardre vers Bligny et Sainte-Euphraise du 30 mai au 12 juin 1918, elle est relevée à cette date par des éléments du 2éme Corps d'Armée Italien, elle part au repos vers Lunéville.

Cet extrait, du 25 Mai 1918 au 10 Août 1918, du journal d'un Poilu nous a été transmis par sa petite fille. Merci pour son aide !

"Environ un mois avant ces batailles, mon grand-père avait été enterré vivant lors de l'attaque du mont Kemmel. A partir de ce moment, il a eu quelques difficultés à pouvoir mettre ces idées en ordre. J'ai donc passé pas mal de temps sur certaines lettres pour comprendre ce qu'il voulait dire!"

"Grâce" à cette commotion (comme il l'appelle sur la lettre du 3 juin), il n'a pas participé à la bataille de la Marne (dans les lettres : la Grande Bataille) par contre son régiment y était et il en parle donc très régulièrement. Lors du départ des troupes il revenait de l'hôpital, il serait parti avec tout le monde si son voyage n'avait pas duré 3 jours de plus ! "

Correspondances de guerre

Extraits de lettres du 25 Mai au 10 Août 1918 de Gaston Dumiot (20 ans) à sa fiancée.

Les allusions à Georges, s'adressent probablement à Clémenceau !

Le 27 Mai 1918

Ce matin nous avons mouillé la liquette pour faire notre marche. Aussi nous nous sommes beaucoup approchés, pour le moment, nous sommes à 15 Km des lignes. C'est vrai que le dépôt ne monte jamais plus près. Enfin nous ne sommes pas trop mal, espérons que nous allons y rester un bon petit moment. Tu me dis sur ta lettre, ne pas avoir reçu les miennes. C'est qu'elles sont arrêtées car je t'écris tous les jours. Je penses que tu les recevras car sans cela, je vais faire dire à Georges : s'il veut que je tienne, il faut qu'il fasse marcher les lettres.

Ce soir, je ne pourrais pas aller faire ma prière à la petite église, car nous sommes dans les bois à 4 Km du patelin. Je la ferais en faisant mon petit tour. Depuis la guerre, j'aime tant être seul que je voudrais l'être tout le temps. Pendant ma promenade du soir, seul, je pense à tous ceux que j'aime. Enfin je passe mon temps pour calmer le cafard

Le 28 Mai 1918

Le régiment a été reformé par le 348, qui a été dissout. Tu crois que ce n'est pas malheureux de voir ça : des hommes qui n'ont jamais fait d'attaque, on les verse au 22ème. Les boches ont attaqué dans l'Aisne, il faut encore aller les arrêter. Je ne sais pas si c'est nous qui allons monter en renfort mais nous partons sous peu par voie de terre. Je me rappelle lorsque tu me disais que les boches attendaient que je sois de retour de permission, je crois bien que c'est vrai. Le régiment devait faire la relève hier soir et il y a eu contrordre.

Le régiment sera demain dans la fournaise, plus que probable. C'est un peu triste de voir des régiments qui n'ont rien fait depuis un an, alors que nous : Craonne, l'Aisne, l'attaque du Mont Kemmel, et voila qu'il faut remettre ça on ne sait où. Je vais m'arrêter car nous partons à 4 heures.

Le 30 Mai 1918

Je suis passé ordonnance du Médecin-Major du D.D.. Les permissions sont supprimées, quand nous reverrons nous, je ne le sais pas. Il me semble que les boches veulent en finir, si je pouvais te mettre tout ce que je veux, je pourrais t'apprendre quelque chose, mais, CHUT ! il ne faut pas.

J'en reviens au Major. Hier, me promenant sur la route, je vois une voiture ambulance qui s'arrête. Un officier descend, il m'appelle : veux-tu décharger mes cantines ?. Impossible de refuser, il me dit : tu ne connaîtrais pas une chambre ?. Je pense en moi-même, si c'était une botte de paille, oui, mais une chambre, ma foi, non. Enfin il me demande si je veux faire l'ordonnance, j'ai accepté. J'aime mieux faire le larbin que de prendre la garde ou bien de faire l'imbécile. Et maintenant, le fils Dumiot est tampon. Je cire les bottes, vide le pot de chambre, prépare de l'eau au Monsieur. Tout ce qui lui faut, je crois même que je vais être obligé de me faire couper les moustaches, on est larbin ou on ne l'est pas.

Ma compagnie est finalement restée au centre de ralliement. Tout ce que je peux te dire c'est que le régiment est engagé depuis ce matin dans la région d'Epernay (Cette division est engagée au nord de l'Ardre vers Bligny et Sainte-Euphraise du 30 mai au 12 juin 1918). Je ne pense pas monter en renfort tout de suite car le major ma demandé si je voulais rester avec lui. C'est le seul du régiment qui soit redescendu. C'est la première fois que je vais me tirer des pattes, ce n'est pas de trop car je te jure que je commençais à faire mauvaise figure lorsque j'ai appris que nous partions du cotée de Soissons. Nous, nous sommes toujours à côté de Châlons.

Le 31 Mai 1918

D'après un communiqué de midi, j'ai appris qu'Orléans serait bombardé par les gothas ces jours-ci, et que la bataille du 15 Juin serait pour notre belle ville Tourangelle, Tours. Puisque les Fritz avancent sur Paris, j'ai bien envie de demander à Georges que mon régiment soit envoyé au repos du côté de Tours.

Il faudrait que les lettres viennent plus vite car le cafard revient. Vivement que nous sachions où se trouve le dépôt pour avoir les lettres et surtout le pognon. Je n'aime pas les comptes qui traînent. Depuis le 15 Janvier ils nous doivent un rappel. Ils ont l'argent mais, tu penses bien qu'ils se disent plus il y aura de disparus plus ça fera d'économies

Le 3 Juin 1918

Nous, la 4ème compagnie du 22ème régiment d'infanterie, sommes restés en Champagne pour ramasser tous les permissionnaires de la division. Ne sachant pas où elle est rentrée en contact avec les boches, nous sommes isolés, éloignés des renseignements, même de toute notre correspondance et nos lettres ne partent pas.

Mais surtout ne te tourmentes pas, je ne participe pas à la grande bataille. Peut-être que j'irais, mais je ne le crois pas, notre division en a fait assez en un mois. Ils ont perdu le Mont Kemmel et ont attaqué 5 fois le fort de la Pompelle, un des points les plus culminants de Reims. Nous avons appris aujourd'hui que notre division était corps indéfini d'attaque (?) dans la grande bataille. Je crois qu'il va falloir faire attention à ses abattis car cette semaine c'est le duel des deux ennemies Foch et Indenburg.

Malheureusement ce n'est pas ces deux oiseaux qui vont se faire du mal, ce sera comme toujours nous qui seront les dindons de la farce. Dès que je monte au renfort, je pars en permission, ce ne sera pas ma première chance car j'ai appris que plusieurs de mes camarades qui étaient avec moi à l'hôpital et qui sont partis le même jour que moi, n'ont mis que 16 jours pour faire le trajet et moi 19. Ils sont montés en renfort le 20. C'est triste mais j'ai eu une veine épatante d'arriver trois jours plus tard. Espérons que Dieu voudra toujours que je m'en tire, le 23 Octobre à Malmaison, j'ai été juste blessé, le 17 Avril a Kemmel cette petite commotion me permet d'être maintenant au dépôt.

Peut-être que la division est déjà relevée. Le 29 au matin, ils ont rencontrer les boches. Il n'y avait personne devant eux et ces pauvres malheureux se sont tous (fait ?)massacrés. Notre chef est parti à la recherche du bureau central de la division pour toucher les lettres

Le 4 Juin 1918

Tu me parles de la permission mais tu ne sais donc pas, ma petite chérie, que Georges a dit : supprimons les permes. Elles le seront pendant deux mois. C'est pourtant bien pour les gens qui voudrait la croix de guerre pour les rendre un peu orgueilleux. Moi, par exemple, l'ennuyeux c'est qu'il faut trois blessures maintenant. Alors il faudra se contenter de 10 jours de permissions au lieu de 12 ou indique moi le moyen d'être commotionné le plus tôt possible.

Le régiment est salement amoché. Je ne peux pas connaître le nom des hommes qui redescendent, nous les voyons sur brancard dans des autos qui filent à toutes allures. Quand je verrai le régiment, je m'occuperai du fiancé de mademoiselle Marie-Louise. Mais je ne pense pas qu'il soit arrivé quelque chose à ce charmant garçon.

Le 7 Juin 1918

Avec tout ce qui se passe, nous sommes des veinards. Ma compagnie est restée au centre de ralliement. Tous les hommes qui ont suivi le régiment sont montés en renfort le 1er. Le Colon du régiment a été tué, plusieurs généraux idem.

Le 11 Juin 1918, Vadenay

Il ne faut plus que tu te tourmentes, et je vais t'expliquer pourquoi. Quand une division se déplace, on laisse une compagnie du D.D. à l'emplacement de l'état-major. Cette compagnie ramasse les permissionnaires et les rentrant d'évacuation. Elle assure le service en ville, fournit des tampons à tous les officiers rentrant au dépôt et ce qui est le plus agréable c'est que cette compagnie est affectée pendant un mois aux unités non combattantes.

Le 12 Juin 1918

Comme ça, tu me croyais dans la fournaise. Tu te figures peut-être que ce sont toujours les mêmes qui participent aux attaques. Malheureusement, mon major doit partir pour Salonique d'ici peu de temps

Le 12 Juin 1918

Il fait une chaleur torride. Nous partons demain matin à 4 heures, il faut que je fasse les cantines de mon vieux, que je les porte à la voiture de la compagnie, que je fasse mon sac et que je le mette à la voiture si je ne veux pas le porter. Nous avons de longues étapes à faire, et sous cette chaleur, je crois que la chemise va probablement en prendre pour son grade.

Le 17 Juin 1918

Je suis en Lorraine, aujourd'hui, nous avons repos, demain nous partons. Je t'ai écrit de Toul et de Bar-le-Duc. Je t'envoie un livre de la liaison fait par l'abbé Toillier de Poncheville. Il parle des moments terribles de la division

Le 18 Juin 1918

Je ne suis pas allé dans la grande bataille, je suis même très loin du danger. Peut-être que cela ne durera pas. Je ne sais pas si nous montons bientôt en renfort. Le régiment a beaucoup écopé. Il y a une offensive autrichienne qui se déclenche. Je croyais que le régiment monterait d'ici quelques jours en lignes. J'espère que nous allons rester quelque temps au dépôt avant de prendre une autre piquette. Encore une frousse de passée. J'en ai fini de faire le tampon, mon major est parti dans les G.B.D.. Il faut que je prenne la garde à 1 heure moins le quart

Le 19 Juin 1918, Zermamesnil-Lorraine

Je suis monté en renfort hier soir, nous avons fait 22 Km pour venir au régiment. Je suis affecté à la 2ème compagnie comme au début de la guerre. Je crois bien que tu ne me reverras pas de si tôt. Je ne sais pas si ils veulent nous faire cogner encore une fois ou nous faire partir en Italie. Il en est fort question. Je crois que la guerre ne m'arrange pas beaucoup

Le 20 Juin 1918

Nous sommes arrivé aujourd'hui à 12 Km des lignes. Je suis monté hier en renfort à la 2ème compagnie. Ce matin nous avons un boulot fou. Il nous faut toucher un fourniment de saletés qui ne servent à rien à la guerre. Aussi, je compte bien balancer tout le truc en l'air. Je crois bien qu'ils nous prennent pour des ânes. Les permes reprennent demain à 8%, cela fera 15 pour la compagnie. Si c'est vrai, je serai près de toi dans 3 semaines. Nous montons aux tranchées ce soir.

Le 23 Juin 1918

Hier soir nous avons relevée dans un joli petit secteur. Nous sommes en plein milieu de le forêt de Paroi, nous devons faire 5 Km pour aller à la soupe. Les boches sont à la lisière, nous sommes à plus de 2 Km de ces messieurs. Ce soir, je me suis monté une petite cagna avec quelques planches, une petite table pour écrire à ma Renée, un petit plumard pas bien confortable, mais assez pour me reposer. Lorsque nous regardons si le grand rouquin ne vient pas, il nous arrive d'entendre des sangliers coincés dans les fils de fer, ce n'est pas agréable. Les permissions reprennent le 27, je suis le 13ème a partir. Sil en part un tous les jours, je serai à La Haye pour le 14 Juillet.

Le 25 Juin 1918

Aujourd'hui, il part 2 permissionnaires, je reste environ le 7ème

Le 27 Juin 1918

Tu me demandes de t'envoyer l'oeuvre de l'abbé Tilliers de Poncheville Il aurait mieux valu qu'il n'ait jamais eu besoin de l'écrire, que cette guerre soit finie ou tout au moins presque finie. Je pense qu'elle ne durera pas encore longtemps. Nous vivons dans cette attente. L'autre jour, avant de monter aux tranchées, je suis allé faire ma prière à l'église de Zermamesnil.

Le 29 Juin 1918

Le secteur où nous sommes est épatant, mais nous avons trop de gardes à prendre. Nous sommes à la lisière d'un bois, il y a 2 Km de plaine devant nous. Les boches sont sur la crête de l'autre côté. Il y a quelques embuscades boches, c'est juste un petit moment à passer, on brûle quelques grenades, plusieurs paquets de cartouches et après on est tranquille pour le restant de la nuit. La semaine prochaine, je serai en permission, et j'espère bien que Jules y sera aussi. Je viens de recevoir une lettre de lui où il me dit que les permissions reprenaient et qu'il comptait partir bientôt.

Le 29 Juin 1918

Je suis le 7ème à partir, si les permissionnaires partent toujours un par jour, je serais près de toi autour du 8 ou du 9. Je t'avais parlé de l'Italie, mais ne t'inquiètes pas, nous avons relevé une compagnie qui est parti y faire un tour. Recevoir des lettres adressées à la 2ème compagnie me rappelle la grotte 102, où mon capitaine a été tué et où nous avons souffert quelques temps.

Le 1er Juillet 1918

Il fait tellement chaud dans ces bois que nous avons envie de dormir la plupart du temps. Je ne suis pas sorti des tranchées depuis 9 jours, nous devons en faire 12. J'espère bien ne pas faire un jour en plus, enfin nous verrons bien. Tu me dit que Léon et Pierre, qui étaient ensemble, n'ont pas écrit depuis 20 jours. C'est bien triste, mais espérons que le Bon Dieu voudra qu'ils soient prisonniers.

Le 3 Juillet 1918

Je prends la garde à 1 heures du matin, il faut que je dorme un peu avant. Il est tombé des trombes d'eau toute la journée et ce n'est pas fini. Heureusement, nous avons une cagna pour la garde. Je serais à La Haye le 10, peut-être un ou deux jours plus tard mais ça ne tardera plus. Tu es bien bonne de me garder un fauteuil, tu veux que je fasse concurrence à Georges ? Je ne suis pas assez canaille pour être ministre de la boucherie.

Je viens de lire une belle chose sur lui sur le journal : Ce matin, Georges est parti reconnaître un poste boche à 4 heures. Il a fait exécuter le coup de main et est revenu à 18 heures avec un prisonnier Fritz à lunettes. Je crois qu'il doit avoir gagné la croix de guerre ! Ça lui fera 2 jours de perme en plus, il les aura bien gagné !

Le 27 Juillet 1918, 9 heures

Je suis en réserve, nous n'avons rien à faire. Dimanche nous montons en ligne pour 6 jours, et après 12 jours de repos. Pendant ce temps les combats vont se faire, j'espère m'en tirer.

Le 28 juillet 1918

En arrivant de permission, j'ai retrouvé la compagnie avec des copains en moins. Mais se sont tous des heureux, blessés ou prisonniers. Je viens d'apprendre que nous allons probablement être relevés du secteur. Je ne peux pas te dire quand mais je crois que ça ne tardera pas. Nous n'y pouvons rien, il faut que le temps du front revienne avant d'être évacué. Il ne faut pas croire que la guerre prendra fin cette année, les officiers nous disent de nous préparer à passer un autre hiver dans les tranchées. Je crois que nous ne serons plus très jeunes le jour des noces.

Le 29 Juillet 1918, 13 heures 30

Nous sommes en réserve jusqu'à samedi soir, je vais tâcher de me mettre d'aplomb cette semaine et de chasser le cafard.

Le 30 Juillet 1918, 15 heures

Nous venons d'apprendre que nous sommes encore en réserve pour 8 jours. Si tu savais quel plaisir ça nous a fait, 8 jours de réserve, 12 jours de lignes puis le repos. Le mois d'août va passer comme ça. Pendant ce temps les attaques font rages. Bien sûr, nous devrons attaquer avant l'hiver. A ma prochaine permission, tu me verras avec une tombée de décorations ! Voila déjà 4 ans que je tue et je ne peux pas avoir la croix de guerre. Alors que des gosses de la classe 18 ont déjà 2 citations, ce n'est pas celui qui fait l'avoine qui la mange.

Le 5 Août 1918, 17 heures

Je ne sais pas si tu recevras les lettres des jours précédents, l'auto des trésors et postes de Lunéville a pris feu. Une bombe est tombée dans le centre et le bruit court que toutes les lettres ont été brûlées. Si seulement cette maudite guerre finissait, quel bonheur! mais, je ne crois pas, il faudra encore se faire purger les doigts de pied avec de l'huile de ricin comme l'hiver dernier. Il parait que nous serions encore dans ce secteur pour plusieurs mois. Au mois d'octobre, il faudra songer à l'évacuation et même passer l'hiver à l'hôpital, si je peux. Il y a loin avant la prochaine perme : 5 mois et demi

Le 6 Août 1918

Je suis monté en ligne hier soir, mais je suis tranquille. Je suis coureur au 30ème d'infanterie (?). Je fais la liaison entre cette compagnie et la mienne. Je reste 6 jours, et je n'aurai que deux plis à porter. Après le repos peut-être que nous irons faire un petit tour ailleurs, mais en attendant on ne va pas s'en faire.

En campagne, le 7 Août 1918, 19 heures

Je suis aux tranchées depuis hier. Dans 3 jours se sera la relève.

En campagne, le 8 Août 1918, 22 heures

On parle beaucoup d'une attaque des boches dans notre secteur. Nous leur ferons une distribution de balles et d'obus. Il est également question que nous allions attaquer dans la Somme ou dans les Flandres pour dégager la Lorraine. De toute façon nous en avons vu d'autres, des attaques boches. Nous sommes renfermés dans un blockhaus, au 1er obus qui tombe, on vise Lunéville. S'ils font trop les malins, on ira du côté de Lyon. Ce sera plus amusant que de faire le singe dans la forêt de Paroi.

Le 9 Août 1918, 15 heures 30.

Hier, je n'étais pas à la distribution des lettres. J'ai eu du boulot toute la soirée, j'ai porté des plis. Il y a plusieurs types qui ont disparu. Pour avoir des renseignements, il faut faire marcher le coureur. Les boches n'en peuvent plus. Georges a dit : Nous aurons la victoire, et je crois que c'est la vérité. En attendant Marly se moque bien de lui, il aurait du être fusillé, cette canaille là. Je crois que Georges ne fait plus son boulot.

Le 10 Août 1918, 7 heures.

Je crois que notre avance continue. Les boches seront probablement obligés de remettre les cannes chez eux surtout quand la 28éme division d'infanterie participera aux grandes batailles. C'est probablement à ce moment que la guerre finira puisqu'ils ont battus en retraite sur Fismes. Si seulement ils pouvaient mettre les voiles jusqu'à la frontière !

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