LA 73ème D.I. DANS LA BATAILLE DE LA MARNE

La 73ème D.I., est dans la Somme, quand l'offensive allemande du 27 Mai commence. Le 31 Mai elle est transportée par camion, à l'ouest de Château Thierry, elle est affectée au 7ème CA de la VIème Armée. Elle résiste vaillament, vers Château Thierry, à Bouresches, à Bonnes, au bois de Veuilly et à Chézy-en-Orxois.

LES COMBATS AU NORD-OUEST DE CHATEAU-THIERRY

LA BUTTE DU TRIANGLE - DÉBUT JUIN 1918

Synthèse historique réalisée par Monsieur Georges Robinette

SITUATION GÉOGRAPHIQUE

Le mamelon de TRIANGLE se trouve à 1 km au Sud de Bouresches, à 2 km à l'Est de Lucy-le-Bocage et à 2 km au Nord de la Route Nationale 3. C'est une butte de 182 mètres d'altitude, de 1200 m de long et de large qui était l'objectif principal de Allemands en cet été 1918. Au sud de la butte, en contrebas, se trouve la ferme de La Cense.

ANECDOTE HISTORIQUE

En 1906, des manoeuvres entre éléments du 2ème C.A. contre de éléments du 6ème se terminent près de La Cense. Au milieu d'un groupe d'officiers, le Chef d'Etat-Major de la 14ème D.I., chargé de la critique, s'écrie : "Messieurs, souvenez-vous qu'on n'abandonne jamais une position comme TRIANGLE. "Cet officier "était le Commandant Duchêne, qui sera le Général commandant la VIème Armée 12 ans plus tard !! (récit de Mr Houdry, présent à cette scène, et dont le père exploitait La Cense à cette époque).

27 MAI 1918 ET JOUR SUIVANTS

Rupture de notre front de l'Ailette et du Chemin des Dames. Les Allemands foncent vers le Sud à plus de 10 km par jour, raflant des milliers de prisonniers et un matériel d'une importance considérable. Le 28 Mai, le Général Duchêne manque d'être fait prisonnier à Beauregard près de Soissons et le 29, la même mésaventure arrive à Clémenceau à Fère-en-Tardenois.

Le 30, les Allemands sont à Château-Thierry où le Général Marchand, avec sa 10ème D.I.C. défend le pont avec l'aide du 7ème Bataillon de la 3ème D.I.U.S. puis le fait sauter. A Paris, à la Chambre, les députés demandent les têtes de Duchêne, Pétain et Foch qui ne seront sauvés que par l'intervention de Clémenceau (séance du 4/6/1918)

SITUATION MILITAIRE LES 31 MAI ET 1ER JUIN

Au lieu de rester à proximité de la R.N. 37 Soissons-Château-Thierry, le 31 Mai, les Allemands lancent, en éventail, à hauteur de Neuilly-Saint-Front, trois divisions. Il s'agit d'unités du 4ème Corps de Réserve, groupement Von Conta de la VIIème Armée Von Böhn.

La première, par la Gonétrie et le bois des Rochets a pour objectif la tranchée du petit chemin de fer Bouresches-Vaux, les villages de Bascon, Monneaux et Bourbetin.

La deuxième après avoir combattu à Monthiers, Licy-Clignon, Torcy, Belleau, Bois-Belleau, doit se lancer vers la R.N.3. Elle reste stoppée à 600 mètres à l'Est de Lucy-le-Bocage.

La troisième, au centre, atteint vite Bouresches (le 1er Juin à 14h30) et fait vite sa jonction avec celle de La Gonéterie. Ce point du front va devenir capital.

Devant ces trois divisions "gonflées à bloc" par les succès remportés depuis le 27 Mai, deux divisions, très inférieures en nombre puisque la division allemande compte un régiment de plus que la française, : la 10ème D.I.C. ayant déjà combattu à Château-Thierry et la 73ème, qui vient d'arriver, constituée par les 346ème, 356ème et 367ème R.I., division commandée par le Général Lebocq. Des hommes originaires de la Côte d'Or, de Franche-Comté, du Jura, solides montagnards.

Ils doivent impérativement empêcher l'adversaire d'atteindre la grande route. S'ils échouent c'est un jeu pour les Allemands de descendre sur Charly, La Ferté-sous-Jouarre, Meaux. Car les documents officiels le signalent et Mme Houdry, évacuée le 30 Mai, le confirme : derrière la 73ème D.I., plus rien ! aucune troupe de réserve !

Devant l'urgence de la situation, le Général Pershing a mis à la disposition de l'Armée Française, pour la soutenir dans ce secteur, la 2ème D.I.U.S.. Mais cette division était en route vers Cantigny dans la Somme et il lui faut le temps d'arriver. En attendant, la 73ème D.I. doit tenir coûte que coûte, sinon, la guerre est perdue, tout simplement !

2 JUIN

Les Coloniaux de Marchand, sous la formidable poussée Allemande, abandonnent la solide ligne de résistance constituée par la tranchée du chemin de fer Vaux-Bouresches. Ils ne peuvent empêcher la prise du bois de Picardie, de Clérembaut, Bascon, Vaux, Monneaux et reculent jusqu'à la lisière Nord du bois de la Marette. Les Allemands entrent à Bourbetin, franchissent la R.N.3, arrivent en vue du Thiolet et coupent le chemin Thiolet-Crogis. De là, ils se lancent à l'assaut du TRIANGLE.

Mais celui-ci et le bois de La Cense (une soixantaine d'hectares de terre et de bois) sont solidement tenus par nos fantassins, bien décidés à ne pas reculer. Les quatre maisons du sommet et leurs vergers sont transformés en fortins et nos mitrailleuses balaient les champs devant eux et arrêtent les vagues d'assaut. C'est une journée de succès pour l'ennemi mais le TRIANGLE est inviolé, c'est l'essentiel !

3 ET 4 JUIN

Les Allemands renouvellent leurs furieuses attaques (6 fois dans la journée du 3 Juin) mais notre résistance, aidée par une intelligente utilisation du relief, est telle qu'aucun pouce de terrain n'est abandonné. Nos soldats épuisés, sans abri sérieux, tiennent comme à Verdun en 1916.

Ce même jour, la division allemande qui se trouvait face à Lucy-le-Bocage et pouvait tourner TRIANGLE par l'occupation de la route Lucy-Coupru est durement touchée par l'attaque de la 43ème D.I. (Général Michel) en direction de Belleau. Ajoutons que les adversaires sont presque complètement dépourvus d'Artillerie. Quoi qu'il en soit, notre situation ne peut se prolonger.

Mais un fait nouveau, considérable, survient. Nos Alliés U.S. arrivent sous les ordres du Major Général Bundy. Par les gares de Nogent-l'Artaud, Charly, Nanteuil Saacy, ils montent vers la ligne de feu, la plupart pour la première fois. N'ayant aucune connaissance précise des lieux, c'est grâce à la résistance de la 73ème D.I. que la 2ème D.I.U.S. va pouvoir se rendre compte de l'emplacement exact de l'ennemi. Arrivés au contact des nôtres, ils installent une ligne d'appui un peu en arrière. La relève du TRIANGLE est délicate et se fait dans la nuit du 3 au 4 Juin.

Le 4, la division allemande de Bouresches attaque furieusement, pour tenter de déboucher, une nouvelle fois, de sa cuvette mais elle se heurte aux régiments américains qui sont frais. Repoussée, elle reste verrouillée dans le village.

SITUATION MILITAIRE A PARTIR DU 6 JUIN

L'Artillerie s'installe et est de plus en plus puissante. Les Allemands sur Lauconnois, Chantemerle, les Alliés, sur Domptin, Mont de Bonneil. Mais l'objectif reste le même le : TRIANGLE.

Cette fois ce sont les Américains qui le défendent sous les ordres du Colonel Pearhe qui a installé son P.C. dans une cave de La Cense. Les 150 et les 210 tombent sur le mamelon. Les trous d'obus se rebouchent les uns les autres. Le terrain est pulvérisé. Les "Sammies" tombent en masse, on retrouvera, au bois de La Cense, des fosses de cinquante cadavres chacune. Mais le verrou ne cède pas et les Allemands renoncent à emporter TRIANGLE.

Par contre, la 2ème D.I.U.S., dès le 6, reçoit l'ordre de s'emparer de la ligne Vaux-Bouresches, Bois Belleau. Il faut de nombreuses offensives, de très fortes pertes, pour reprendre Bouresches le 7 Juin. La Brigade de Marine de la 2ème D.I.U.S. mettra 19 jours pour conquérir le Bois Belleau.

Au corps à corps, à l'arme blanche, veste tombée, manches retroussées, insouciants de leurs lourdes pertes, les Marines emporteront le bois le 29 Juin sur la VIIème Armée Allemande. Les pertes (tués, blessés, disparus) de la 2ème D.I.U.S., dans la région de début Juin, au 10 Juillet s'élèvent à 7800 hommes.

Enfin, comme un coup de tonnerre, après l'offensive allemande du 15 Juillet, éclate notre offensive du 18 Juillet de l'Aisne à l'Ourcq. Sur le front qui nous occupe, Français et Américains, côte à côte cette fois, atteignent tous les objectifs et l'ennemi, dans la nuit du 19 au 20 Juillet, évacue toute la région occupée depuis le 31 Mai. C'est la deuxième Bataille de la Marne, prélude à la victoire finale.

Affirmons, sans crainte d'être contredit, que ce sont les Français de la 73ème D.I. qui, à TRIANGLE, du 31 Mai au 4 Juin, ont bloqué l'avance allemande dans ce secteur et ont permis d'attendre l'arrivée des renforts Alliés.

LA 73ème D.I. APRÈS LA RELÈVE DE SES ÉLÉMENTS DU TRIANGLE

Le 7 et 8 juin la 73ème D.I. participe à la contre-offensive, à 5 km plus à l'Ouest du TRIANGLE, reprise de Vinly, d'Eloup et de Veuilly-la-Poterie.

Pendant le reste du mois de Juin, elle défend et organise le terrain conquis vers Vinly et Chèzy-en-Orxois. Du 3 au 15 juillet elle est retirée du front et mise au repos, puis en stationnement vers Viffort, 3ème CA, VIème Armée.

Après l'offensive allemande du 15, le 16 Juillet la 73ème D.I. contre-attaque depuis Saint-Eugène en direction de Courtemont, elle est à la droite de la 3ème D.I. U.S.. Le 22 juillet elle traverse la Marne à Sauvigny et à Courtemont, elle participe ensuite à la poursuite et au combats dans la forêt de Ris, elle est retirée du front le 25 Juillet.

La 73ème DI comprend :

- 346ème, 356ème et 367ème RI

- Le 239ème RA, qui est son régiment d'artillerie (75) divisionnaire et un groupe du 138ème RAL en artillerie lourde

- Une brigade de Cavalerie du 11ème Dragon

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