LE R.I.C.M. DE LA 38ème D.I. EN JUILLET 1918

LONGPONT - PARCY-TIGNY

18, 19 et 20 juillet 1918

Les Marsouins du R. I. C. M. , après la dure période de combats au MONT de CHOISY et à TRACY-1e-VAL de mai à juillet espéraient en ce 14 juillet 1918 un repos un peu plus long que celui qui va leur être accordé.

Le R.I.C.M. fait partie de la 38ème D.I., à cette période la 38ème D.I. comprend le Bataillon de Tirailleurs Somalis (BTS), dont les compagnies sont employées à renforcer le R. I. C. M.

Mais dés le 18 juillet, la contre-offensive française se déclenche et le R. I. C. M. va y prendre une très large part. C'est donc seulement après trois jours de repos que le Régiment remonte en ligne.

L'attaque allemande, sur le front de Champagne, devait être stoppée à tout prix. Le Général MANGIN décide de le faire en contre-attaquant l'ennemi de flanc avec la 10ème Armée qu'il commande.

Le Régiment est transporté dans la nuit du 16 au 17 juillet dans la forêt de RETZ et reçoit l'ordre d'attaquer depuis LONGPONT en direction de PARCY-TIGNY.

Le 19 au soir. la mission est remplie malgré deux contre-attaques venant de HARTENNES et TAUX qui sont repoussées en infligeant d'énormes pertes à l'ennemi. PARCY-TIGNY est pris et, dans la soirée la progression reprend en direction de l'est afin de couper à l'armée allemande la route de SOISSONS à CHATEAU-THIERRY. Le régiment a réalisé une avance de huit kilomètres, s'enfonçant comme un coin dans le flanc de l'armée allemande.

Ces combats, relatés en détail plus loin, lui valent une septième citation à l'ordre de l'Armée.

Le 20 juillet le Régiment, relevé est retiré de la bataille. Il a perdu pendant ces trois journées 754 hommes dont 23 officiers. Parmi les tués se trouve le légendaire Capitaine VAN VOLLENHOVEN ancien Gouverneur Général de l'Indochine, puis de l'A.O.F., alors Adjudant-Major du Bataillon DOREY, dont il avait longtemps commandé la lère Compagnie.

Mais ces pertes cruelles n'ont pas affaibli le R. I. C. M. dans sa volonté de vaincre et dès le mois d'août il va reprendre ses combats dans la vallée de l'AILETTE où l'Armée MANGIN va lancer une nouvelle offensive.

CITATION DU REGIMENT : Le Général Commandant la 10ème Armée cite à l'Ordre de l'Armée le REGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE DU MAROC.

[Ordre général N° 342 du 22 Septembre 1918]

"Splendide Régiment dont la valeur et l'entrain sont légendaires. Les 18, 19 et 20 Juillet 1918, le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc, sous l'énergique commandement du Lieutenant-colonel MODAT, est parti à l'assaut avec une fougue irrésistible, refoulant l'ennemi sur une profondeur de plus de sept kilomètres malgré sa résistance acharnée, et lui capturant 825 prisonniers dont 19 officiers, 24 canons, 120 mitrailleuses et un nombreux matériel."

Signé : MANGIN

LES COMBATS DU 18 JUILLET 1918 - CONTRE OFFENSIVE MANGIN

Pendant que le Général GOURAUD en Champagne, arrêtait net, par 1a bataille de PROSNES-MASSIGES, la dernière grande offensive que le KRONPRINZ impérial venait de lancer, le 15 juillet, contre nos lignes, pendant que devant REIMS, le 1er C. A. C. conservait intactes ses positions, la contre-offensive française se préparait fiévreusement dans la région de VILLERS-COTTERETS.

Le Général MANGIN, avec la Xème Armée, allait frapper le flanc droit des Allemands avec d'autant plus de d'efficacité que ceux-ci s'étaient davantage engagés dans la direction de la Marne. (SOISSONS étant tombée, il s'agissait de couper à l'ennemi la route de CHATEAU-THIERRY).

MISSION DE LA DIVISION

La Division GUYOT DE SALINS (38ème D. I. composée du R. I. C. M. , du

4ème ZOUAVES, du 4ème MIXTE, Zouaves et Tirailleurs, et du 8ème TIRAILLEURS) était venue se placer au bivouac dès le 16 juillet dans la partie nord de la forêt de VILLERS-COTTERETS.

Encadrée au sud par la 48ème D. I. , au nord par la 2ème Division américaine, elle devait participer le 18 juillet à l'offensive en direction générale de FERE-en-TARDENOIS.

MISSION DU REGIMENT

Le R. I. C. M. , sous les ordres du Lieut. Colonel MODAT, encadré au sud par le 4ème ZOUAVES et au nord par le 4ème MIXTE, était établi au nord de LONGPONT, en avant de la corne nord-est de la forêt de VILLERS-COTTERETS.

Il devait enlever la première ligne allemande établie sur le plateau et sur les pentes nord de la vallée de la SAVIERE, franchir la vallée marécageuse et coupée de canaux profonds d'irrigation de cette petite rivière, et, par une pente abrupte d'une trentaine de mètres, arriver sur le plateau dénudé et absolument plat qui s'étend jusqu'aux villages de PARCY et de TIGNY et de HARTENNES et TAUX. Sa droite devait longer les pentes sud du plateau dominant la vallée du ruisseau rectiligne de PARCY-TIGNY, moins profonde que celle de la SAVIERE.

MOYENS SUPPLEMENTAIRES

Les chars d'assaut, qui allaient être employés avec succès sur d'autres points du champ de bataille, n'avaient pu être utilisés devant le R. I. C. M. , en raison de l'obstacle infranchissable que formait pour eux la vallée marécageuse de la SAVIERE. L'appui d'Artillerie était assuré par le 32ème R. A.

DISPOSITIF DU REGIMENT

Les trois bataillons étaient placés les uns derrière les autres dans l'ordre : 1er Bon, 4ème Bon, 8ème Bon. Le Bataillon Somali avait détaché ses compagnies dans les Régiments de première ligne et le 8ème T. A.

DEROULEMENT DES COMBATS

A 4 h 35 le Bataillon DOREY (1er Bon) s'élance. A 5 h 20, il est maître de LONGPONT. La surprise a vraiment été totale et la marche en avant est reprise dès 6 h 40 et la ferme de MONTRAMBOEUF est prise à 7 h 30.

Au sud, le 4ème Zouaves avait pu se maintenir à peu près à la hauteur du R. I. C. M. .

Au nord, le 4ème Mixte avait un kilomètre de retard.

A 10 h 15, le Bataillon FILLAUDEAU (4ème Bon) passait alors en tête et parvenait au ravin situé à 500 mètres à l'ouest de PARCY-TIGNY, très en avant des régiments voisins.

A 16 h 00, le Bataillon MARCAIRE (8ème Bon) relevait le 4ème Bataillon et l'attaque reprenait sur tout le front.

Mais, au nord du R. I. C. M. le 4ème Mixte avait été stoppé par des mitrailleuses constituant un point d'appui solidement retranché dans des ouvrages de défense organisés les années précédentes par le Gouvernement Militaire de Paris.

Complètement à découvert sur sa gauche, le R. I. C. M. intervint alors au profit du 4ème Mixte et par une manoeuvre rapide, prenant le point d'appui à revers, réduisit au silence les mitrailleuses qui s'opposaient à son avance.

Le 4ème Mixte put ainsi reprendre sa marche et il vint dans la nuit se placer à l'alignement du R. I. C. M.

Entre temps, le Bon MARCAIRE poussait jusqu'aux limites ouest de PARCY.

Dans la nuit. les Américains occupaient VIERZY et le 4ème Zouaves. très éprouvé, était relevé par des unités de la 48ème Division.

Le 19, l'attaque reprenait à 4 h 00. Le RICM, renforcé par un Bataillon du 8ème Tirailleurs Algériens, toujours sous les ordres du Lieut. Colonel MODAT, enlevait à midi le village de PARCY-TIGNY.

A 19 h 30, le Bataillon DOREY repassait en tête et progressait encore d'un kilomètre, malgré de furieuses contre-attaques d'un ennemi qui s'était complètement ressaisi.

A 21 h, le R. I. C. M. avait rempli sa mission et le lendemain 20 juillet, épuisé par trois jours de combats, il était relevé et rassemblé à nouveau dans la région de VILLERS-COTTERETS.

Après ces combats le R. I. C. M. et le Bataillon de Tirailleurs Somalis (BTS) sont affectés à la 2ème Division Marocaine qui vient d'être créée.

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