LE 3ème BATAILLON DE CHARS LÉGERS

Au combat de Cutry - Saint-Pierre-Aigle (28 juin 1918)

I. - Situation initiale

L'échec de l'offensive allemande du 9 juin 1918 donne au commandement allié le répit nécessaire pour préparer la contre-offensive qu'il compte monter, en juillet, sur le flanc ouest de la poche du 27 mai.

Entre temps, de petits opérations locales vont lui permettre à la fois de se saisir de bonnes positions de départ et d'habituer l'infanterie à combattre en liaison avec les chars légers.

Le 15 juin, à Coeuvres (11 kilomètres nord-nord-est de Villers-Cotterêts); le 18 juin, vers Chafosse (4 kilomètres sud-est de Coeuvres), le 1er bataillon appuie efficacement la progression des fantassins.

Une attaque plus importante est prévue pour le 28 juin, à laquelle va participer, avec une compagnie du 2ème bataillon, le 3ème bataillon tout entier.

Les unités de ce bataillon, pendant la première quinzaine de juin, ont pris part avec des éléments d'infanterie du 11ème corps d'armée, à des contre-attaques isolées peu importantes, et, à vrai dire, quelque peu décousues; mais il fallait coûte que coûte fixer l'armée allemande aux lisières de la forêt de Retz, et, le 2 juin, le 3 juin, le 4, le 6, le 9 et le 12, ses sections ou ses compagnies ont nettement contribué à l'arrêt de l'ennemi.

L'infanterie, enthousiasmée par ses petits chars, ne peut plus s'en passer, et, à tour de rôle, une compagnie sur trois reste prête à intervenir aux environs de Dampleux (6 kilomètres est de Villers-Cotterêts), pendant que le reste du bataillon cantonne à Plessis-aux-Bois (6 kilomètres sud-ouest de Villers-Cotterêts), pour remettre son matériel en état et donner au personnel un repos nécessaire.

C'est là que vient le trouver l'ordre du général commandant l'armée, qui le met tout entier à la disposition du 20ème corps d'armée, en vue de coopérer à l'attaque prévue pour le 28 juin.

L'attaque du 28 Juin 1918

II. - Plans d'engagement de la 153ème division et de la 3ème brigade d'infanterie du Maroc

Dans la journée du 22, en profitant au mieux des couverts, le bataillon se porte sur chenilles au nord d'Eméville (6 kilomètres nord-ouest de Villers-Cotterêts) par le ravin de Vaucinnes à Haramont. Les parcs sont formés à l'abri de la lisière voisine, le personnel et les ateliers cantonnent dans le village.

L'opération à laquelle va participer le bataillon est montée par la 153ème division.

A. - Plan d'engagement de la 153ème division

Le plan d'engagement de la division dit notamment :

" I. - But de l'opération (voir carte et croquis 1)

Occuper les pentes du plateau à l'est du Ru de Retz et atteindre la ligne Fosse en Haut, ouvrage 0243, 0740, point à 300 mètres à l'est de la Grosse Croix dans le chemin creux, les Trois Peupliers, partie ouest de Saint-Pierre-Aigle.

II. - Moyens

Infanterie (aux ordres du colonel A., commandant la 3ème brigade du Maroc):

8 bataillons 1/2, dont : 2 du 21ème C.A., 6 1/2 de la 153ème D.I.

Génie : une demi-compagnie du 1er C.A.

6 sections de la 153ème D.I. (3 de la 9/7, 3 de la 9/57).

Artillerie (aux ordres du lieutenant-colonel, commandant l'A.D./153):

Artillerie de campagne : 27 groupes

Artillerie lourde courte : 5 groupes

Artillerie de tranchée : 2 batteries

Artillerie d'assaut : 4 compagnies, soit : 1 bataillon du 20ème C.A. (le 3ème) et une compagnie du 1er C.A.

Lance-flammes : 2 sections de la compagnie 40/1.

..................................................

IV. - Action de l'infanterie

.......................................................

5° Mitrailleuses. - Toutes les mitrailleuses des bataillons ne prenant pas part à l'attaque seront en batterie pour protéger la progression de l'attaque : couverture et flanquement.

En particulier, les mitrailleuses de la 306ème brigade, en batterie sur le plateau à l'est de Montgobert, battront les pentes est et sud-est de la cote 162. Le plan d'action des mitrailleuses sera immédiatement établi dans chaque brigade.

6° Canons Stockes et de 37. - Tous les canons Stockes et de 37 seront utilisés pour couvrir le départ de l'infanterie et portés ensuite en avant pour étayer l'occupation de la position conquise.

V. - Actions de l'artillerie

Tous les tirs seront déclenchés à l'heure H.

1° Couverture de l'opération

a) Concentrations :

Temporaires. - Saint-Pierre-Aigle (partie ouest); levée à H + 20 à l'ouest du méridien 1691; à H + 30 à l'est de ce méridien.

Cutry et Fond-de-Cutry : levée à H + 40 (quand les compagnies de tête des bataillons marocains auront dépassé Cutry), à l'est du méridien 91; à H + 55 à l'ouest de ce méridien.

Ouvrages 0243-0740 et tranchées G.M.P.; levées à l'arrivée du barrage roulant.

Permanentes. - Dommiers.

Le Jardin.

Saint-Pierre-Aigle, partie est.

Tranchées du G.M.P. à l'est de l'objectif.

Fond cote 150 (1.500 mètres nord-est de 162).

Obus spéciaux n° 4 sur le Fond de Cutry et la région Le Jardin - Chafosse.

b) Encagement :

1. Barrage fixe à l'est de l'objectif entre la cote 162 et Saint-Pierre-Aigle.

2. Bords nord, sud et est du ravin de Cutry.

Barrages levés au cours de la progression :

Sur le bord est du ravin de Cutry, à l'arrivée du barrage roulant;

Sur les flancs du ravin de Cutry, en même temps que la concentration.

3. De l'est de Fosse-en-Bas au point 0551.

4. Sur le méridien 1709, entre les deux lignes du G.M.P.

c) Contre-batterie et neutralisation

Aux soins du général commandant l'A/20.

d) Neutralisation des observatoires :

Le Jardin - cote 162 - Croix-Sainte-Créaude - cote 148.

e) A.T. :

Concentrations sur Saint-Pierre-Aigle et sur Chafosse de H à H + 40'.

2° Accompagnement et appui

Barrage roulant. - Une batterie par 100 mètres de front, sauf sur le Fond de Cutry.

Ligne de départ du barrage roulant : celle du barrage normal.

a) Au nord de Coeuvres, le barrage sera maintenu : de H à H + 5', immédiatement à l'est du ruisseau, et sur le front du 1er C.A., sur la ligne du barrage normal;

De H +5 à H + 10, immédiatement à l'est de la lisière ouest des bois situés sur la pente du plateau;

De H + 10 à H + 15, à 150 mètres à l'est de la crête sur le plateau;

A H + 15, il repartira à l'allure de 100 mètres en trois minutes.

b) Sur le reste du front, il sera fixé de H à H + 2' sur la ligne de barrage normal, et repartira à H + 2' à l'allure de 100 mètres en trois minutes.

Raccordements des barrages roulants sur la ligne de l'encagement est du Fond de Cutry.

3° Des batteries seront spécialement désignées pour attaquer les objectifs fugitifs.

VI. - Action de l'A.S.

L'A.S. sera mise à la disposition des régiments d'infanterie. Son plan d'emploi sera établi par le commandant de l'A.S., d'accord avec le commandant de l'infanterie de l'attaque.

L'A.S. sera mise en place dans la nuit de J-1 à J.

Les passages du Ru de Retz, reconnus le 23 juin, seront aménagés par le génie.

VII. - Sections Schilt

Une section et demie avec le régiment de tirailleurs marocains pour le nettoyage de la région de Cutry. Une demi-section avec le bataillon de droite du 418ème R.I., pour le nettoyage de la partie ouest de Saint-Pierre-Aigle.

VIII. - Aéronautique et Aviation

Le ballon 68 surveillera toute la zone de l'attaque.

2 avions d'infanterie :

Avion nord (1 flamme) de la limite nord au ravin de Cutry(exclu);

Avion sud (2 flammes), du ravin de Cutry (inclus) à la limite sud.

Jalonnement à l'arrivée sur l'objectif, en cas d'arrêt de la progression et à la demande de l'avion.

Un avion de surveillance de contre-attaque.

..............................................................................................."

B. - Dispositif d'attaque de la 3ème brigade du Maroc

Le commandant de la 3ème brigade du Maroc répartit de la manière suivante les moyens mis à sa disposition :

" I. - Infanterie

a) Deux bataillons plus une compagnie, de la IIème D.I.; entre la Fosse-en-Bas incluse et la ligne incluse des tranchées du G.M.P., au nord de Cutry.

b) Deux bataillons, plus une compagnie du dernier bataillon du 1er régiment de tirailleurs marocains, entre la ligne ci-dessus exclue et le chemin inclus Coeuvre - la Grosse-Croix - Croix-Sainte-Créaude : un bataillon (le 8ème) plus la compagnie du dernier bataillon, au nord du Fond de Cutry; un bataillon (le 3ème) au sud.

c) Deux bataillons du 8ème zouaves (3ème au nord, 1er au sud) entre le chemin exclu Coeuvres - La Grosse-Croix - Croix-Sainte-Créaude, et le parallèle des Trois-Peupliers exclu. Limite entre les deux bataillons : la tranchée du G.M.P. au bataillon de droite, à l'est de 8718 inclus (au nord-ouest de ce point, au bataillon de gauche, auquel incombera l'enlèvement de la partie encore tenue par l'ennemi, opération qui devra être combinée avec une section de chars d'assaut). Au delà du coude 9618, le bataillon de droite étendra son action au nord de la tranchée du G.M.P., suivant le parallèle de ce point.

d) Deux bataillons du 418ème R.I. (1er au nord, 3ème au sud) entre le parallèle des Trois-Peupliers inclus et Saint-Pierre-Aigle inclus.

L'armement et l'équipement seront fixés par les chefs de corps suivant le rôle des différentes unités.

II. - Génie

La demi-compagnie du 1er C.A. à la disposition des bataillons de la IIème D.I.

Deux sections de la compagnie 9/7 à la disposition du lieutenant-colonel commandant le 1er régiment de tirailleurs marocains.

Deux sections de la compagnie 9/7 à la disposition du lieutenant-colonel commandant le 9ème zouaves.

Les deux sections de la compagnie 9/57 à la disposition du commandant du 418ème R.I.

III. - Appareils Schilt

a) Un détachement, avec 13 appareils, sous la conduite de l'adjudant F., à la disposition du lieutenant-colonel commandant le 1er régiment de tirailleurs marocains.

b) Un détachement avec deux appareils, sous la conduite du sergent L., à la disposition du lieutenant-colonel commandant le 9ème zouaves.

c) Un détachement avec cinq appareils, sous la conduite de l'adjudant V., à la disposition du commandant du 418ème R.I.

IV. - Artillerie d'Assaut

1° La compagnie de chars du 1er C.A. répartie :

a) Une section avec le bataillon de droite de la IIème D.I.;

b) Une section avec le bataillon de gauche (8ème) du régiment marocain;

c) Une section en réserve.

2° Le bataillon de chars du 20ème C.A. (3ème B.C.L.) réparti :

a) Compagnie 309 (cap. C.), avec le bataillon de droite (3ème) du régiment marocain;

b) Compagnie 308 (cap. B.), avec les bataillons d'attaque du 9ème zouaves;

c) Compagnie 307 (cap. de G.), avec les bataillons d'attaque du 418ème.

......................................................................................................

XIII. - Postes de commandement

153ème D.I. : Taillefontaine.

3ème brigade du Maroc : dans la tranchée du G.M.P., en 5335.

26ème R.I.: au nord de la cote 140, vers 7957 (observatoire en 8856).

418ème R.I. : Calypso (vers ferme Saint-Agnan).

9ème zouaves : Aiglon (en 6823).

Régiment marocain : aux Longues-Rayes (en 7737).

................................................................................................................... "

III. - Dispositions prises par le commandant du bataillon de chars

Dans son plan d'engagement, établi le 26 juin, en exécution des ordres de la division et de l'infanterie divisionnaire, le commandant du bataillon de chars rappelle tout d'abord les indications d'ordre général qui y figurent :

But de l'opération;

Commandement;

Moyens.

Il résume ensuite les prescriptions relatives au dispositif général et à l'action de l'infanterie dans les parties qui intéressent les unités de chars :

a) Dispositif

1er régiment de tirailleurs marocains.

Entre la ligne du G.M.P. (exclue) et le chemin inclus de Coeuvres - La Grosse-Croix - Croix-Sainte-Créaude :

Un bataillon, plus une compagnie du dernier bataillon, au nord du Fond-de-Cutry.

Un bataillon au sud.

Objectif : ligne 0443; 0740; chemin creux à 300 mètres à l'est de La Grosse-Croix.

9ème zouaves.

Entre le chemin exclu Coeuvres - Croix-Sainte-Créaude et le parallèle des Trois-Peupliers (exclu).

Objectif : ligne chemin creux à l'est de La Grosse-Croix - les Trois-Peupliers.

418ème régiment d'infanterie.

Entre le parallèle des Trois-Peupliers (inclus) et Saint-Pierre-Aigle (inclus).

Objectif : la crête entre la cote 162 et la partie ouest de Saint-Pierre-Aigle, avec éléments de surveillance vers le chemin de 162 à Saint-Pierre-Aigle.

b) Exécution de l'attaque

L'artillerie ouvrant le feu à l'heure H, l'infanterie partira à H + 2' sous la protection du barrage roulant et avec l'appui de l'artillerie d'assaut.

.....................................................................................................

Les bataillons au sud du ravin de Cutry se portent en avant à H + 2', derrière le barrage roulant, toutes les unités serrant au plus près du barrage. Vitesse de progression : 100 mètres en trois minutes.

Le 1er tirailleurs marocains encercle le Fond-de-Cutry sans y pénétrer, pendant la première partie de la progression, puis le nettoie.

Son bataillon de gauche longe le Fond-de-Cutry au nord, enlève l'ouvrage 0443-0740 et les pentes au sud. La compagnie du bataillon de réserve, qui suit le bataillon de gauche se rabat vers le sud, à l'est du point cote 128, et nettoie le Fond-de-Cutry.

Son bataillon de droite longe le Fond-de-Cutry au sud et se relie, au nord de La Grosse-Croix, avec le bataillon de gauche. Une compagnie se rabat sur Cutry par l'est et le nettoie en liaison avec la Compagnie qui opère par le nord du ravin.

Le 9ème zouaves attaque droit devant lui.

Le 418ème R.I. avance d'abord par sa gauche (bataillon de gauche et gauche du bataillon de droite), couvert à droite par la concentration d'artillerie sur Saint-Pierre-Aigle. Il pousse sa droite en avant à H + 20' seulement, quand la concentration d'artillerie sur Saint-Pierre-Aigle (ouest) est levée.

c) Organisation du terrain conquis

En fin de progression, les troupes s'installent sur le terrain conquis et s'y organisent en profondeur, en se couvrant par des éléments poussés en avant avec l'appui des chars d'assaut.

- Dans ce cadre, le chef de bataillon de chars indique la répartition et la mission des unités d'A.S.

a) L'A.S. 307 a pour mission d'appuyer l'attaque du 418ème R.I. et d'assurer son installation sur la crête entre la cote 162 et la partie ouest de Saint-Pierre-Aigle.

Positions de départ : boqueteaux (non marqués sur le plan directeur) au point 83-13 (à cheval sur le chemin de terre qui va de Coeuvres à Saint-Pierre-Aigle).

Directions extrêmes :

A gauche : les Trois-Peupliers inclus.

A droite : les maisons nord de Saint-Pierre-Aigle (exclues).

Cette compagnie engagera tout d'abord une section avec chacun des deux bataillons d'attaque. Sa 3ème section s'engagera suivant les circonstances, mais marchera aussi longtemps que possible en échelon en arrière et à droite de la ligne, pour parer à toute surprise de ce côté, où des creutes ont été signalées comme pouvant abriter éventuellement des contre-attaques ennemies.

Bien remarquer que les approches de Saint-Pierre-Aigle seront dangereuses jusqu'à H + 20', en raison du tir de notre artillerie.

b) L'A.S. 308 a pour mission d'appuyer l'attaque du 9ème zouaves et d'assurer son installation sur la ligne : 300 mètres à l'est de la Grosse-Croix - les Trois-Peupliers.

Positions de départ : boqueteaux à 500 mètres au sud-est de l'église de Coeuvres.

Directions extrêmes :

A gauche : la Grosse-Croix exclue.

A droite : les Trois-Peupliers exclus.

Cette compagnie engagera tout d'abord une section avec chacun des deux bataillons d'attaque.

La 3ème section s'engagera suivant les circonstances; mais en principe, et si l'action se déroule normalement, elle viendra occuper l'intervalle que le mouvement en éventail de l'attaque d'infanterie produira entre les deux autres sections, chacune de celles-ci appuyant vers on point de direction extérieur, pour ne pas s'étendre sur un front exagéré.

c) L'A.S. 309 a pour mission d'appuyer l'attaque du bataillon du 1er tirailleurs marocains, au sud du parallèle de Cutry, et d'assurer son installation à l'est de cette localité.

Positions de départ : boqueteaux à 400 mètres au nord-est de l'église de Coeuvres.

En raison du danger que présente pour le débouché de l'attaque la partie sud-ouest du bois de Rue-d'Eau où des résistances sérieuses, appuyées par deux lignes de réseaux, ont été signalées, une section de chars se portera dès l'heure H face à cet objectif, pour le neutraliser tout au moins par son feu. Une deuxième section appuiera l'attaque du bataillon d'infanterie.

La dernière section suivra le mouvement, prête à prendre éventuellement sous son feu toute contre-attaque qui tenterait de sortir de Cutry.

Bien prendre garde, pour ces deux dernières sections, aux talus de routes qui avoisinent la Grosse-Croix.

Observation importante pour les trois compagnies.

(Extrait du Règlement, titre VI, chapitre III, paragraphe 2)

"Les sections d'A.S., après avoir aidé l'infanterie à conquérir son objectif, agissent selon les ordres du commandant de bataillon d'infanterie, en conformité avec le plan d'engagement, soit pour couvrir de leurs feux d'organisation de la position conquise en repoussant les contre-attaques, soit pour participer, avec des détachements d'infanterie, à des reconnaissances au delà de l'objectif normal.

Le maintien des chars sur la position doit être réduit au minimum, jusqu'à ce que l'infanterie puisse repousser une attaque avec ses propres moyens (installation de ses mitrailleuses)."

Le chef de bataillon donne enfin les indications relatives aux liaisons, au ralliement et à son propre P.C.

" VI. - Liaisons

Se conformer rigoureusement au Règlement d'A.S. (1er partie du paragraphe 4 du chapitre III du titre VI).

Utiliser tout particulièrement les liaisons existantes des commandants des unités d'infanterie, notamment leur téléphone et leur T.P.S.

VII. - Ralliement

Les points de ralliement seront indiqués pour chaque unité par les commandants de compagnie.

Ne pas oublier d'envoyer le plus tôt possible un compte rendu sommaire de l'opération, d'après les indications du questionnaire du chef de char.

VIII. - P.C.

En exécution des ordres reçus, le chef de bataillon se tiendra, en principe, auprès du commandant de la 3ème brigade du Maroc (dans la tranchée du G.M.P., en 5335).

En cas de déplacement, il y laissera une permanence. "

- Une annexe n° 1 au plan d'engagement donne les ordres complémentaires particuliers à l'A.S.

" 1° Mouvements préliminaires

A. - Dans la nuit de J.-2 à J.-1, les compagnies se porteront à leur position d'attente.

a) L'A.S. 309, dans le bois à 1 kilomètre au nord de l'église de Soucy. Départ à 20 heures (J-2).

Itinéraire : route du Faite - Rond de la Reine - bifurcation de la route de Coeuvres et de la route de Villers-Cotterêts.

b) L'A.S. 308 dans les vergers au nord de l'église ci-dessus. Départ à 22 heures (J-2).

Itinéraire : comme la 309.

c) L'A.S. 307 à la lisière du bois, à 1 kilomètre ouest de l'église de Puisieux. Départ à 6 heures (J-1).

Itinéraire : route du Faite - route de Soucy.

Un dépôt avancé sera constitué pour les trois compagnies, à proximité de la position d'attente de la 307, où se porteront également les camions-ateliers.

Ces dépôts comprendront une demi-journée d'essence, ingrédients, et munitions.

L'adjudant de bataillon L. en prendra le commandement: il se reliera téléphoniquement, dès son arrivée, avec le central de Vivières.

Les bagages, les bureaux et le reste de l'échelon sur roues resteront à Emeville, ainsi que l'excédent de l'approvisionnement, sous les ordres du lieutenant B., adjoint technique du chef de bataillon.

B. - Dans le nuit de J-1 à J, les sections de combat se porteront à leur position de départ, à une heure qui sera fixée ultérieurement, suivant les circonstances.

a) L'A.S. 309, par la route de Coeuvres - Le Château - l'unique pont intact (celui du centre du village) - la route qui se dirige vers le point 90.25.

b) L'A.S. 308; même itinéraire jusqu'après le pont, puis le chemin de Coeuvres aux Trois-Peupliers.

c) L'A.S. 307 par Soucy - route de Coeuvres - chemin de terre de la ferme Saint-Aignan au pot du ru de Saint-Pierre-Aigle (1 kilomètre sud de l'église de Coeuvres) - piste à la lisière sud des boqueteaux.

Une escadrille d'avions survolera les lignes ennemies pendant la durée de l'opération.

A l'arrivée à la position de départ, le plein sera refait au moyen des bidons d'essence et d'eau transportés sur la queue des chars.

II. - Dépannage

Les chars disponibles et les équipes de dépannage avec les officiers commandant les échelons, se tiendront à proximité de la position de départ. Le dépannage du champ de bataille sera réglé par les commandants de compagnies, qui rendront compte des mesures prévues.

III. - Ravitaillement

a) Vivres. Les hommes emporteront leurs deux jours de vivres de réserve (à consommer le jour J et éventuellement le jour J + 1, l'alimentation du jour J-1 sera assurée par les compagnies au moyen des vivres du jour).

b) Eau. - Aux puits de Coeuvres (se renseigner auprès de l'infanterie).

c) Munitions, essence et ingrédients. - Éventuellement de nuit, par les camions poussés depuis le dépôt avancé vers Coeuvres, aussi loin qu'il sera possible; à remplacer au fur et à mesure par prélèvement sur les dépôts d'Emeville. "

- L'annexe précise, en outre, les formations sanitaires de l'infanterie que les chars, n'en possédant pas en propre, devront utiliser :

" IV. - Évacuations

L'A.S. utilisera les postes de secours de l'infanterie ci-dessous :

Corps                              P.S. Régimentaires                                     P.S. de Bataillon

1er Tirailleurs marocains Longue-Rayes(sans changement)           Flanc nord du vallon de CutryFlanc sud du vallon de Cutry

9ème Zouaves ...   Au P.S. du bataillon situé à mi-chemin de Coeuvres à ferme Murger                                                                                              2 P.S. de bataillons                                                                                     sur leversant à l'est de Coeuvres

418ème R.I. ....      Soucy (sans changement)                        Parc de Valsary-Calypso

- Le lendemain, 27 juin, le commandant du bataillon envoie à ses compagnies l'Annexe n° 2 ci-dessous, précisant certains points de détail et donnant des renseignements complémentaires de nature à intéresser les chars :

" Annexe n° 2

1. - Le mouvement de la position d'attente à la position de départ sera effectué de 22 heures à 24 heures le jour J-1 (se tenir prêt à faire ce mouvement dès ce soir; J pouvant être demain).

Les avions promis survoleront, pendant ce laps de temps, les lignes allemandes entre Cutry et Saint-Pierre-Aigle.

II. - Les commandants de compagnie feront connaître, pour ce soir avant 17 heures, leur P.C. initial où devront leur être envoyés les ordres éventuels.

Ils indiqueront les liaisons de toute nature qu'ils comptent employer pour relier ce P.C., d'une part avec l'observatoire 53-35 du chef de bataillon, d'autre part avec l'échelon avancé de l'adjudant L.

Dans le cas où ils se déplaceraient, ils n'oublieront pas d'y laisser une permanence, munie des indications nécessaires pour qu'on puisse les toucher eux-mêmes rapidement.

III. - L'artillerie devant commencer son tir à l'heure H, cette indication précisera le moment de l'intervention pour l'infanterie et les chars d'assaut.

Toutefois, il y a lieu, dès ce soir, où tout au moins dans la nuit, de régler les montres (par communication directe et non par téléphone).

IV. - Renseignements complémentaires sur les organisations ennemies :

a) Une tranchée nord-est-sud-ouest couvre Saint-Pierre-Aigle à 400 mètres au nord-ouest des Creutes, reliant la lisière nord-est du parc et le chemin de Coeuvres à Saint-Pierre-Aigle.

b) Des mitrailleuses sont signalées dans le clocher de Saint-Pierre-Aigle.

c) Un nid de mitrailleuses est signalé en 02-19, à 200 mètres à l'est de la route de Cutry à Saint-Pierre-Aigle.

d) Un nid de mitrailleuses est signalé en 02-43, à 1.200 mètres au nord-nord-est du clocher du Cutry.

V. - Extrait du plan d'engagement du colonel commandant l'infanterie de l'attaque :

" Les reconnaissances et renseignements divers ne permettent pas de prévoir exactement où se fera sentir la principale résistance de l'ennemi, mais toutes les dispositions devront tendre à briser les contre-attaques, à quelque endroit qu'elles se produisent et principalement à l'arrivée à la ligne de faite ...

................................................................

" Dès que la situation le permettra, on cherchera à constituer les bataillons par trois compagnies accolées, formées en profondeur de trois sections les unes derrière les autres, le chef de bataillon conservant trois sections en réserve à sa disposition ...

.................................................................

" La coopération des chars d'assaut est susceptible de donner à l'attaque une force irrésistible, mais une infanterie serait déshonorée qui subordonnerait son avance à celle des chars d'assaut. Ces derniers peuvent subir des arrêts mécaniques, être embouteillés, etc. ... L'infanterie n'en a cure et doit obtenir seule le résultat cherché; elle sait, d'ailleurs, que les arrêts forcés des camarades de l'A.S. ne seront jamais de longue durée. "

VI. - Le chef de bataillon recommande, encore une fois, de ne pas marcher, au cours du combat, à une allure exagérée (en principe utiliser la 2ème vitesse).

Ne pas aller non plus trop loin, les renseignements faisant présumer, à quelque distance de notre dernier objectif, l'existence d'une ligne boche fortement occupée, qui semble vraisemblablement devoir être une base de contre-attaque. Cette ligne de résistance semble passer par 02-43, 10-20, cimetière de Dommiers.

Elle semble également doublée par une ligne probable de protection de l'artillerie passant par la cote 138 (13-41), la Croix-Sainte-Gréaude, la ferme La Glaux.

C'est le 56ème régiment d'infanterie allemande qui occupe le secteur de Coeuvres - Saint-Pierre-Aigle : ce régiment a été très éprouvé dans un autre secteur et semble à peine de qualité moyenne.

VII. - Il importe, pour les compagnies 307 et 308, que les sections de réserve se tiennent dès le début à portée immédiate d'intervention : le front de l'objectif et l'état des cultures semblent, en effet, faire prévoir un travail de nettoyage long et pénible pour les sections de première ligne.

VIII. - Il est rappelé que les unités d'A.S. ne doivent, après l'action, revenir à leur point de ralliement qu'après avoir été libérées par les commandants des unités d'infanterie dont elles dépendent. Il appartiendra donc particulièrement aux chefs de section de provoquer cet ordre en temps utile, si les chefs de bataillon de l'attaque tardaient à le donner, dès que la position conquise sera suffisamment assurée par l'installation de leurs mitrailleuses. "

IV. - Exécution de l'attaque . - Résultats obtenus

Dans la soirée du 27, parvient l'ordre d'attaque :

"J -= 28 juin. - H = 5 h. 05"

- Les résultats de l'opération ont fait l'objet du rapport suivant du général commandant la 153ème division :

" L'opération était rendue des plus délicates par la nécessité de franchir un ravin abrupt, aux rives marécageuses, dont les deux uniques points de passage étaient violemment battus par l'artillerie ennemie; mais, grâce aux efforts, à l'entrain de tous, officiers et soldats, dans la nuit de J-1 à J, toutes les difficultés étaient surmontées au prix de pertes relativement légères, et à l'heure H (5 h. 05), les chars s'élançaient à l'attaque.

- "La compagnie 307 avait pour mission d'appuyer le mouvement du 418ème R.I., une section avec chacun des bataillons d'attaque, la 3ème en réserve derrière le bataillon de droite, couvrant ce flanc contre une réaction de l'infanterie possible venant de Saint-Pierre-Aigle.

"Par suite de la fumée et de la poussière qui ont presque immédiatement empêché de voir à plus de quelques pas, la liaison avec l'infanterie a laissé quelque peu à désirer avec le bataillon de droite, et les chars ont travaillé, en fait, pour leur compte, détruisant les résistances qu'ils rencontraient en cours de route et atteignant rapidement leur objectif, la partie sud de la route des Trois-Peupliers à Saint-Pierre-Aigle.

"La section de gauche (aspirant D.), par suite d'une erreur de direction de l'infanterie, s'est trouvée travailler, au début, au profit de la droite du 9ème zouaves et a réduit toutes les résistances qu'elle a trouvées sur la route. Bien qu'exposée à des tirs ennemis très violents (les cinq chefs de char ont été l'un après l'autre tués ou blessés), elle a amené l'infanterie aux Trois-Peupliers, et s'est ensuite rabattue le long de la route, dans la direction de Saint-Pierre-Aigle, pour coopérer au mouvement des deux autres sections.

"Arrivée devant la Maison aux Trois tourelles, elle a appuyé l'attaque de la 3ème compagnie du 418ème R.I., en canonnant violemment la maison et le parc, d'où partaient les feux qui arrêtaient l'infanterie, jusqu'au moment où les deux derniers chefs de char (aspirant D. et aspirant L.) ont été eux-mêmes mis hors de combat.

"Les deux autres sections n'ayant pu rétablir leur liaison avec l'infanterie et ayant atteint leurs objectifs, ont jugé leur mission terminée et sont rentrées à la position de ralliement; malheureusement, au cours de cette opération, elles ont été en butte à un violent tir de gros calibre, qui a causé de lourdes pertes en personnel et en matériel. Six chars avaient particulièrement souffert, et deux d'entre eux restaient sur le terrain, exigeant des opérations de dépannage périlleuses et pénibles.

"Pertes : 5 tués: 1 maréchal des logis, 2 brigadiers, 2 canonniers; 15 blessés, dont 5 légers.

- "La compagnie 308 engageait une section avec chacun des deux bataillons du 9ème zouaves, la 3ème section suivant à courte distance en réserve.

"Là encore, la poussière a rendu difficile aux chefs de char une liaison permanente avec leurs chefs de section, dont ils ne pouvaient apercevoir les signaux; mais, en ce qui concerne l'infanterie, la liaison a été excellente et la coopération avec les chars absolument complète et de tous les instants. Toutes les résistances, aussi bien sur la tranchée du G.M.P. qu'en terrain libre, ont été rapidement réduites, et plusieurs mitrailleuses conquises de haute lutte après la mise hors de combat des servants.

"Partout les objectifs ont été largement dépassés.

"La section de réserve a dû s'engager presque au début de l'attaque et a coopéré à l'action générale, particulièrement vers la gauche, en liaison avec la 309.

"Plusieurs chars avaient subi des avaries du fait de l'artillerie ennemie; ils purent être dépannés séance tenante sous le feu, et la plupart d'entre eux prirent part à la fin de l'action.

"Tous rentrèrent à la position de ralliement, soit par eux-mêmes, soit en remorque.

"Ce brillant succès ne coûte à la 308 qu'un brigadier légèrement blessé.

- "La compagnie 309 avait pour mission d'appuyer le mouvement du bataillon sud du 1er tirailleurs marocains.

"Cet effectif avait, en effet, été jugé nécessaire en raison des difficultés du terrain et de l'éventualité très vraisemblable d'une contre-attaque boche sortant des Fonds de Cutry.

Une section avait pour mission de se porter immédiatement face aux lisières sud-ouest du bois de Rue-d'Eau pour neutraliser toute action de feux ennemis qui aurait tenté de prendre en flanc les vagues d'assaut des Marocains.

"Les deux autres sections devaient coopérer directement à l'attaque, la seconde dans l'ordre de marche ayant plus particulièrement pour mission de surveiller les pentes de Cutry.

"Les deux dernières sections se sont parfaitement acquittées de leur mission; en fait, et quoique la fumée et la poussière aient par moment gêné sérieusement la liaison avec l'infanterie, les chars de ces deux sections ont brisé toutes les résistances qu'ils ont rencontrées sur leur route; bien que plusieurs d'entre eux aient été momentanément mis en panne par suite d'avaries diverses, ces deux sections ont manoeuvré sur tout le front qui leur était assigné et ont puissamment aidé à la progression de leur infanterie.

La 1ère section, par suite d'une légère erreur d'itinéraire qui l'a engagée sur un terrain non reconnu et particulièrement difficile, s'est trouvée, dès le début, réduite à trois chars; elle a pu néanmoins prendre part à la fin de l'action, et notamment à la réduction de centres de résistances, organisés dans la Creute et dans les maisons de Cutry.

"Tous les chars, momentanément indisponibles, purent être dépannés sur le terrain et ramenés à la position de ralliement.

"Pertes : 1 tué; 7 blessés, dont 2 légers.

En résumé, l'opération du 28 juin a été caractérisée, dans le secteur où opérait le 3ème B.C.L., par un succès complet; partout, l'infanterie et les chars ont atteint les objectifs qui leur étaient assignés et, en plusieurs endroits, les ont dépassés."

RETOUR VERS LE MENU DES TROUPES FRANÇAISES

RETOUR VERS LE MENU PRINCIPAL

RETOUR VERS LE MENU DES RÉGIMENTS, DES DIVISIONS ET DES C.A.